mercredi 17 mars 2010

Loto-Fiction IX


Par la baie ouverte des fenêtres closes mais sans rideaux pour les obturer, la Toscane entière, avec ses ifs, avec ses cyprès pointus, amassés toujours, semble-t-il, sous l’effet de quelque coulée rugueuse de ciment et fossilisée, dont les mouvements de la brise ouvraient et fermaient les grands corps par pans, comme de vulgaires pans de tissus durcis dans leurs courbes baroques, la Toscane respirait, arrivée jusqu’ici depuis l’Italie voisine par l’enchantement de l’évocation que me suscitaient ces hautes concrétions de pierre vivantes, sempiternellement vertes, et de moi à jamais chéries. Pendant le cours de Mademoiselle Lelapin (sic), professeur d’histoire et de géographie dans un collège de la vieille ville, j’ai littéralement fumé, comme de simples pétards aux vertus astronomiques, ces cyprès, et les transports où me jetaient ces vapeurs d’orgasme me voyageaient dans le sens et le savoir, la Connaissance, l’apprentissage. Cela, cette fusion, cette infusion, cela passa, donc, par l’Italie. Ainsi, pour ainsi dire, par un détour – majestueux, il n’en demeure pas moins.

Ce suc, cette Joie, cette essence d’une ivresse m’apportaient aux sens, presque par anticipation, quoique, déjà et depuis fort longtemps, nous nous connussions, l’odeur de tes pores, l’odeur de ta nuque, l’odeur de tes poils, de tes mains ; et de ton refus. Et c’est de ce dernier parfum-ci que vinrent s’ancrer de toi à mon entendement, toutes les sauvageries d’une souffrance – d’une soufrance que je renifle encore et toujours, que je respire, que je perçois et qui me touche et me crucifie mais contre laquelle ma dent n’aura de cesse d’aboyer, tant tu barbotes, tu mijotes avec complaisance dans cette marinade préparée pour toi depuis l’enfance et dont tu ne te hisses pas hors du bain qui comble ta baignoire jusqu’à la saturation.

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