samedi 20 mars 2010

Loto-Fiction XII


Alors que je réfléchissais à l’attaque de la prochaine portion, celle-ci, de mon récit, je compris que toute audition d’un morceau de musique, que celui-ci ait déjà été ou non le lieu d’une écoute, nécessite, pour peu que l’esprit de l’auditeur soit en affinités avec cette partition, une mémoire au titre d’une mémorisation ou d’une remémoration qui anticipe toujours avec surprise, et procure de l’émerveillement, un insatiable plaisir neuf quel que soit le plaisir du renouvellement de l’écoute, ou de sa brèche si l’on croit découvrir le morceau. Le mélange hétérogène, hybride du connu et de l’inconnu est consubstantiel à toute écoute. Toute audition en cours, prépare une voie déjà tracée en tant qu’elle l’ouvre. On ne se lasse pas de ce qui, véritablement, est Musique.

Le Hasard, ce dé d’une roulette partiale et impitoyable, s’y joue du désir. Tout ce qui fut posé pour avoir été composé, jongle avec une adresse imparable, aux fins définitives, " jongle le devenir " dont nul ne sait rien, rien du résultat si ce n’est que dans son incertitude même le résultat sera, sera pour avoir été et ceci selon un avenir encore ultérieur. De cette improbable équation surgit un parcours entre des quilles qu’il s’agit de culbuter à l’instant même, un instant ni proche ni lointain, mais un instant précis, exact. Probable dans son échéance à l’instant-même où cet instant avène. Considérer le temps comme une machine permet d’établir une partition avec ses notes qui représenteront, chacune pour elle, chacune pour elles toutes, un " événement " au sens des mathématiques probabilistes. Un événement peut véritablement être ce que les êtres humains appellent un événement, mais aussi un papillon, une fuite d’eau, le décollage à vingt heures d’un boeing, le début sans sa menée à terme de la chute d’une patineuse, ou encore une couleur et etc…

Que toi et moi nous soyons croisés relève du Hasard ; tu l’auras compris – d’une inévitable rencontre quand on la joue sur le mode du futur antérieur. La Métaphore, là-dedans, est aussi bien la Figure du discours, employée à des fins de compliquer la compréhension de ce qui par ailleurs ne se comprendrait pas : pour être trop simple à dire quand il s’agit de décrire une chose aussi complexe.

La naissance participe d’une essence, elle donne tout et si tu la considères dans son sens le plus large, le plus " lâche ", à l’image d’une corde trop longtemps restée tendue et qui lâche prise, tu verras qu’elle donne, cette naissance, le continent, le pays, l’époque de l’histoire, le milieu social, la famille et le corps avec ses humeurs, sa capacité de résistance ou aussi bien, la couleur des yeux, etc… Ici, même. Aussi aurons-nous longtemps calculé le moment de naître et nous le fîmes tous deux à point, à l’instant prêt, juste. Pour endosser les oripeaux, les horribles peaux de la famille qui nous vêt de son air de famille, cette moindre appartenance à un souci terrestre, la condition-même et le poids de notre être-au-monde. Je peux maintenant l’écrire, tu es mon frère. Nous sommes, tous et l’un et l’autre, un emboitement de circonstances dont le déboitement : la souplesse d’articulation, donne à l’existence, à chacune en propre, l’espace d’être pour soi dans le devenir du temps conscient.

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